Cercle Celtique de Rambouill

L’arrivée des Bretons insulaires en Armorique

Cette période de l’histoire reste floue, car les sources sont rares. De plus, ces dernières années, de nouvelles hypothèses ont émergé, contredisant les anciens modèles. Patrick Galliou en parle dans L’arrivée des Bretons en Armorique.

À partir de la lecture de différentes sources, nous pouvons émettre l’hypothèse suivante, bien qu’elle demeure une théorie parmi d’autres : la migration des Bretons insulaires se serait effectuée progressivement à partir du IVe siècle, en raison notamment des invasions des Scots. Cette population était déjà christianisée, contrairement aux Armoricains. Certains moines, fuyant les Scots avec leurs ouailles, ont dû se réfugier en Armorique.

Ensuite, une nouvelle « migration bretonne » de populations civiles, venues également de l’île de Bretagne vers la péninsule armoricaine (fin du Ve–VIe siècle), dite « seconde migration », repose sur des bases plus solides, notamment toponymiques. Une forme de « receltisation » s’est ainsi opérée.

Ce que l’on connaît :
Les Bretons insulaires et les Armoricains se côtoient depuis plusieurs siècles. Ils sont également citoyens romains, et non des « barbares » ou des Germains, parlant une langue celtique très proche et donc compréhensible des deux peuples.

Ces deux peuples entretenaient des relations commerciales depuis longtemps.

Comment ces nouveaux habitants se sont-ils intégrés à la population armoricaine ?

Personne ne le sait avec certitude. Il y a probablement eu des conflits, surtout à cette époque, mais aussi des négociations et des assimilations, notamment par le biais du mariage. Ce phénomène de migration et d’assimilation fut tel que le nom de Britannia (Bretagne) finira par remplacer celui d’Armorique.

Selon la légende, ces migrants bretons, qui ont préservé leur culture celtique, étaient accompagnés de figures religieuses, déjà christianisées, dont les sept saints fondateurs des diocèses bretons. Il s’agit de : Saint Samson à Dol, Saint Malo sur son rocher, Saint Brieuc dans sa baie, Saint Tugdual à Trégor, Saint Pol de Léon, Saint Corentin à Quimper, et Saint Patern à Vannes (d’après la rédaction tardive du XIe siècle de la vie des saints).

Les clans bretons, quittant leur île, reconstituent presque en Armorique leurs anciennes cités insulaires, chacun restant fidèle à son groupe communautaire d’origine. Ainsi, la Domnonée insulaire crée une Domnonée continentale au nord (composée des territoires du Léon, Trégor, Goëlo actuels). De même, les Cornovii fondent une nouvelle Cornouaille (Kerne), et le chef breton Waroch, en s’emparant de Vannes en 579, fonde le Bro-Waroch, également appelé Bro Wereg, Bro-Ereg ou Broërec.

L’identité Britto-Armoricaine continue à se consolider progressivement, notamment grâce à la christianisation des zones rurales. La fondation de paroisses chrétiennes, qui n’existaient sans doute pas auparavant, a conduit à la création de noms en Plou– (issu du latin plebs, peuple), un mot quasiment inconnu au Pays de Galles et en Cornouaille. Les noms en Lan– sont liés à des fondations monastiques, et ici la similitude avec le Pays de Galles est évidente (par exemple, à Langolen (29) et son homonyme gallois Llangollen, avec un saint Gollen, dont on sait peu de choses). Les noms en Tre(b)-, proches du latin tribus, ont aussi leurs équivalents en Grande-Bretagne.

Ainsi, après les préfixes Plou-, Lan– et Tre-, il existe un large répertoire de saints bretons, suffisant pour remplir un calendrier liturgique, allant des saints les plus connus aux plus anonymes.

Extrait de la Carte du site géobreizh.bzh

La vie continue tandis que l’Empire romain décline. À l’est, les Mérovingiens s’installent, avec pour figure emblématique Clovis. La période mérovingienne souffre d’une réputation négative, souvent résumée à l’idée des « invasions barbares », des reines sanguinaires et des rois fainéants. Ce sont Les Carolingiens, avec Charlemagne en tête, qui ont largement contribué à l’image des Mérovingiens comme des rois inefficaces, pour mieux légitimer leur propre ascension au pouvoir.

Au Ve siècle, le déclin économique et politique de l’Empire romain d’Occident semble inéluctable. Les cités gallo-romaines se sont effondrées, et la population s’est repliée dans les campagnes. Pourtant, Clovis et ses descendants jouent un rôle crucial non seulement dans la fondation d’un nouveau royaume – qui deviendra la France – mais aussi dans la préservation de certains aspects de la culture romaine, à l’exception de la Bretagne continentale.

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